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RGPD : Comment les règles de protection des données s’articulent

La protection des données personnelles ne repose pas sur une seule règle isolée. Elle combine plusieurs principes, obligations et mécanismes qui interagissent pour offrir une garantie complète. Pour se conformer au RGPD, il ne suffit pas d’avoir une raison légale pour traiter les données. Il faut aussi respecter des principes précis et pouvoir prouver que le traitement est conforme. Cet article vous explique comment ces éléments s’articulent ensemble pour construire une véritable protection des données.

1) Respecter les principes fondamentaux : une exigence incontournable et cumulative

Le RGPD, la Directive « Police-Justice » (2016/680) et la loi française « Informatique et Libertés » fixent six principes fondamentaux. Ces règles encadrent la manière dont une organisation doit traiter les données personnelles.

Les acteurs doivent traiter les données de façon licite, loyale et transparente. Ils doivent aussi les collecter pour des objectifs précis et légitimes. Le traitement ne peut porter que sur des données strictement nécessaires à la finalité prévue. Les informations doivent être exactes et mises à jour si besoin. Elles ne doivent pas être conservées plus longtemps que nécessaire. Enfin, il est essentiel de protéger ces données par des mesures de sécurité adaptées.

Un point crucial ressort de la jurisprudence européenne : il ne suffit pas de respecter un ou deux principes. Il faut appliquer tous les principes ensemble. C’est ce qu’on appelle l’application cumulative. Peu importe que le traitement vise un but légitime. Si les données collectées sont excessives, ou si leur sécurité n’est pas assurée, le traitement reste illégal.

Par exemple, collecter des données pour un objectif précis n’autorise pas à prendre plus d’informations que nécessaire. Assurer la sécurité des données n’excuse pas une collecte imprécise ou excessive.

Que le traitement soit réalisé par une entreprise privée ou une administration publique, ce socle commun de six principes s’applique toujours. Cela garantit une protection constante des données, peu importe l’acteur ou la finalité poursuivie.

2) Principes fondamentaux et base juridique : deux obligations qui se complètent

Respecter les principes de traitement ne suffit pas. Toute opération sur des données personnelles doit aussi reposer sur une base juridique valide.

La base juridique donne au traitement sa légitimité. Le RGPD prévoit plusieurs fondements possibles : le consentement de la personne, l’exécution d’un contrat, l’obligation légale, la sauvegarde des intérêts vitaux, l’exécution d’une mission d’intérêt public ou l’intérêt légitime du responsable de traitement.

Cette exigence s’ajoute au respect des principes de qualité des données. Elle ne s’y substitue jamais. La Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne et la jurisprudence de la CJUE l’ont clairement affirmé.

Un traitement doit donc, en même temps, respecter les six principes et reposer sur une base juridique solide. Ce cumul est indispensable pour toute conformité réelle.

Cela reste vrai même lorsque le traitement repose sur le consentement. Autrefois, en France, le consentement était parfois perçu comme un « passe-droit ». Pourtant, en droit européen, obtenir un consentement ne dispense pas de respecter les autres règles.

Même avec un consentement valide, il est interdit de collecter des données excessives ou inutiles. Le Comité européen de la protection des données a souligné ce point. Le consentement, tout comme les autres bases légales, n’autorise jamais à ignorer les principes de loyauté, de proportionnalité et de minimisation.

De la même façon, un traitement fondé sur l’intérêt légitime ne doit pas nuire aux droits et libertés des personnes. Le traitement ne doit jamais dépasser ce qui est strictement nécessaire pour atteindre l’objectif poursuivi.

Le RGPD impose donc une double exigence : justifier le traitement par une base légale et garantir que toutes les conditions du traitement sont réunies.

3) Respecter les principes ne suffit pas : il faut aussi le prouver (accountability)

Le RGPD ne demande pas seulement de respecter les règles. Il impose aussi de démontrer que l’on respecte bien ces obligations. C’est ce que l’on appelle l’accountability, ou obligation de responsabilité.

L’accountability repose sur deux exigences principales. D’abord, mettre en œuvre toutes les mesures techniques et organisationnelles nécessaires pour assurer la conformité du traitement. Ensuite, être capable de prouver cette conformité aux autorités de contrôle et aux personnes concernées.

Ce principe s’ajoute aux principes fondamentaux et à la base juridique. Il n’en dispense pas. Il impose un travail de fond pour structurer la conformité.

La CJUE a confirmé que le responsable du traitement doit démontrer, en cas de contrôle, qu’il respecte chaque principe fondamental. La charge de la preuve repose entièrement sur lui.

Dans la pratique, cela signifie que l’entreprise ou l’organisme doit tenir une documentation précise. Il doit pouvoir expliquer comment il protège les données, justifier ses choix techniques, et montrer qu’il applique correctement les principes de loyauté, de sécurité, de proportionnalité ou de minimisation.

Le sous-traitant, bien que moins exposé, est aussi indirectement concerné. Les contrats entre responsable de traitement et sous-traitants doivent prévoir des clauses précises pour garantir cette démonstration de conformité.

Ainsi, respecter la loi ne suffit pas. Il faut aussi être prêt à en apporter la preuve à tout moment.

4) Pourquoi cette articulation est-elle essentielle pour une protection efficace ?

La protection des données repose sur un ensemble cohérent d’exigences complémentaires. Le respect des principes fondamentaux, l’existence d’une base juridique et l’obligation d’accountability ne fonctionnent pas indépendamment. Ils s’imbriquent pour construire un système robuste.

Il ne suffit pas d’avoir un fondement légal pour traiter des données. Il faut aussi respecter toutes les règles de qualité, de proportionnalité, de sécurité et de transparence. Il faut également anticiper les contrôles et démontrer cette conformité.

Ce mécanisme multicouche renforce la solidité du cadre juridique. Il permet d’assurer que la protection des données n’est pas un simple affichage, mais une réalité tangible et vérifiable.

De la conception du traitement (avec le « privacy by design ») à son exploitation quotidienne, et jusqu’à la capacité de répondre à un contrôle, chaque étape doit intégrer cette articulation des règles.

En fin de compte, c’est cette combinaison harmonieuse entre principes, base juridique et accountability qui garantit une véritable protection des droits fondamentaux des individus.

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